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Qu'est ce que l'équitation connectée ?

Introduction

Par curiosité j’ai effectué une recherche sur internet “équitation connectée”. Je m’attendais à tomber sur les sites de l’équitation centrée, des méthodes Alexander et autres. 

Mais non, pour google, équitation connectée = objets numériques connectés.

 

  • Capteurs techniques permettant d’améliorer la performance. Données chiffrées sur l’effort du cheval.

Equitation = recherche de performance équestre ? 

 

  • Capteurs techniques d’analyse de séance “mettre des chiffres sur le ressenti”

Séance d’équitation = chiffres ? 

J’ai assisté à une séance de démonstration du capteur Equisense en question au cadre noir de Saumur en 2020 . La commerciale Equisense relevait une élévation importante du rythme cardiaque du cheval au travail, elle trouvait intéressant de voir que ce cheval “manquait de cardio”. Or quand le cheval s’est arrêté à côté de nous, j’ai constaté qu’en plus de la muserolle serrée et de la position très encapuchonnée de sa tête (ce qui gêne les voies respiratoires) il était équipé d’un noseband tellement serré que le cheval peinait à respirer, ses naseaux sifflaient à chaque respiration. Quand j’ai dit que si on déserrait la muserolle, le cheval pouvant respirer, il retrouverait sans doute un cardio normal, le cavalier bien agressif m’a répondu que son cheval pouvait parfaitement respirer et que ça n’avait rien à voir.

 

  • Capteurs thermiques permettant de savoir si un cheval a trop chaud ou trop froid sous sa couverture.

Observer son cheval ou observer des données numériques ?

 

  • Mesure de l’abreuvement du cheval au box

Besoins vitaux = mesures ?

A quand le capteur de mal-être du cheval au box?

 

  • Oreillette connectée du cavalier au cheval, afin d’écouter de la musique, de la partager avec son cheval, de parler à l’oreille du cheval, de répondre au téléphone en montant à cheval.

Communication = avec du virtuel ? 

 

  • GPS de secours en cas de chute de cheval

Ça n'arrive pas trop tard dans la relation ? 


 

L’hyper connexion numérique entraîne-t-elle une déconnexion de sa propre observation, de son propre ressenti, de sa propre connaissance de son cheval et de soi-même ? Les couples chevaux-cavaliers hyper connectés ont-ils vraiment une relation harmonieuse ? Le cheval n’est-il plus considéré que comme un outil d’accès à la performance ? Où en est sa vraie situation d’être vivant sensible ? 

Je trouve que dans notre vie, nous externalisons notre ressenti. Nous faisons appel à beaucoup d'outils extérieurs (humains ou virtuels) afin de nous guider, de nous conseiller, de nous rassurer.

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Cheval Whisperer

Ma définition

L’équitation connectée est pour moi l’harmonie de tous nos ressentis, la communication et l’échange avec le cheval. 

En tant qu’équitation à proprement parler, elle a pour but de monter à cheval et de partager des pratiques équestres dans le respect mutuel. Elle doit reposer sur des apports techniques afin de mêler avec congruence, la communication, l’écoute, le bien-être partagé et l’équitation. Le cheval devient alors un véritable partenaire de la pratique équestre, acteur sensible des moments partagés. 

Les émotions

Dès petits nous sommes éduqués à poser une émotion sur une situation. “mais non tu ne dois pas avoir peur de faire du poney, regarde il est gentil” ou “tu devrais être content de venir au poney parce que maman se sacrifie pour ça” ou “c’est triste parce que papy est décédé”. Adultes,  la vie affichée sur les réseaux sociaux, nous incite à exprimer certaines émotions dans certaines situations. Il est convenu qu’une vidéo d’un grand galop dans la nature doit susciter la joie. Or selon les individus elle peut susciter toute émotion, selon son vécu personnel. 

 

En fait, chaque émotion ressentie est individuelle, juste, respectable et incontestable.

Se connecter à ses émotions permet d’en prendre conscience, de les accueillir, de pouvoir ajuster notre posture face à la situation. 

 

Aussi, être au contact de ses émotions permet de faire la part des choses, entre les émotions qui émanent de nous et celles qui émanent des autres et plus particulièrement de notre cheval. 

 

Lorsqu’on monte sur un cheval et qu’on ressent une vive émotion, celle de la peur, par exemple, il faut se poser la question “est ce que ça vient de moi ? “. Prendre ces quelques secondes de recul va me permettre d’ajuster son attitude. Si l’émotion vient de soi,on doit chercher à comprendre cette peur. Est-elle justifiée  ici et maintenant ? Comment agir afin de réduire cette peur ? Comment ne pas la transmettre au cheval ? Si elle vient du cheval,il faut chercher à comprendre pourquoi a t’il peur (si on peut?). Nos actions immédiatement possibles sont : agir sur notre respiration, notre rythme cardiaque, notre tension physique, nos attentes afin de transmettre de la tranquillité au cheval tout en le rassurant sur le fait que oui on a entendu sa peur. 

 

Dans les cavaliers que j’accompagne j’ai rencontré une famille qui ne possède que des pur sangs arabes. La mère a fait appel à moi parce qu’elle sentait que ses très jeunes filles n’étaient pas toujours en sécurité avec leurs chevaux très vifs. Elle me disait “quand je monte dessus je les sens très joyeux de partir en balade, très impatients de démarrer, ils sont du coup très speed et on ne peut pas attendre il faut se mettre en route immédiatement une fois le pied à l’étrier”. En observant la famille et ses chevaux, j’ai constaté que cette joie et cet empressement étaient surtout initiés par les cavalières ! En prenant conscience de la montée d’énergie qu’elles transmettaient, en travaillant là dessus, en plus de remettre au point la notion d’immobilité des chevaux, ces derniers étaient parfaitement capables de patienter calmement avant de partir en balade. 

 

Donc lorsqu’on aborde un cheval, il convient d’être conscient de ses émotions parce qu’on le veuille ou non, le cheval se connecte à elles et agit en fonction de son vécu personnel, de son caractère et de son éducation. 

L'observation

Je suis convaincue que plutôt que d’acheter des objets de mesure connectés virtuellement au cheval, il est intéressant de prendre le temps de l’observer. Pour les cavaliers qui possèdent leur chevaux ou qui montent régulièrement les mêmes, si on prend le temps d’observer l’animal, les différences nous sauteront aux yeux. “tiens il ne se déplace pas comme d’habitude, tiens il a un oeil qui coule, tiens il ne veut pas donner ce pied” 

 

Il faut se faire confiance.

Il est intéressant aussi, si un problème est existant depuis longtemps, de l’observer avec un oeil neuf parce que l’habitude trompe parfois notre jugement “non mais c’est rien, ce cheval mors toujours quand on le sangle” “non mais c’est comme ça, ce cheval ne veut jamais se laisser attraper”. Il est amusant de constater d’ailleurs que souvent les néophytes observent des faits que les “experts” ne relèvent plus. On m’a souvent demandé “pourquoi le cavalier tire sur les rênes pour que le cheval aie la tête vers le poitrail alors que ça a l’air inconfortable ?” ça choque les néophytes mais continue d’être pratiqué à haut niveau…

 

Un cheval que j’accueillais pour la 2e fois pour un stage d’obstacle avec sa propriétaire, j’observe que celui-ci est très encapuchonné, alors que la 1ere fois non. Je lui fait remarquer ce défaut d’attitude qui est une défense du cheval face au contact main/bouche par l’intermédiaire du mors et des rênes. Elle m’explique qu’il a une dent qui lui fait mal, qu’elle va lui être retirée et que c’est peut être ça. En effet je regarde les dents du cheval et je m'aperçois que lorsqu’elle agissait sur le mors de la façon habituellement non douloureuse, il se retrouvait à toucher la dent. Le cheval avait donc trouvé une position de tête le soulageant de ce contact. Il ne servait à rien de chercher à corriger cette attitude, il aurait fallu cependant le monter sans mors en attendant l’opération.

 

Il existe désormais de nombreuses études qui ont mis au jour une liste d’attitudes, d'observables qui permettent d’évaluer la douleur, la boiterie etc. 

Prendre un temps de recul, observer avec un regard nouveau, faire confiance à son observation vaut tous les capteurs. 

Le ressenti physique

Lorsqu'on aborde un cheval ou qu’on le monte, il se passe dans notre corps de nombreuses choses. Nous pouvons les observer. Y a t'il des tensions physiques importantes, est ce que j’ai l’impression de pencher à droite, à gauche, devant, derrière? Est-ce que j’ai l’impression que je vais tomber ? Est-ce que j’ai du poids dans les mains lorsque je tiens les rênes ou la longe ? Est ce que je suis obligée de reculer parce que mon cheval me pousse ? Est ce que je suis obligée de résister très fort sur la longe pour ne pas être traînée par mon cheval? 

Tous ces observables permettent de juger la situation et d’apporter les améliorations nécessaires à ce que le ressenti physique soit le plus agréable possible.

 

Au même titre qu’avec nos émotions, nous pratiquons l’équitation avec nos douleurs ou aisances physiques. Il faut en tenir compte afin de rester dans une pratique fluide, et de ne pas faire subir au cheval nos défaillances. 

 

Il convient de se connecter à ses sensations physiques, à celles de notre cheval pour développer une équitation harmonieuse. Nul besoin de capteurs virtuels, il faut faire 

confiance à son ressenti corporel. 

La communication

De mon point de vue, tout ce qui a été abordé avant, est déjà une forme de communication. Si des oreillettes existent pour envoyer de la musique dans les oreilles de son cheval, je préfère mille fois transmettre à mon cheval la musique de mon cœur, tenter de battre en accord avec lui. 

 

Se connecter à son intuition, écouter et observer avec son cœur, ses oreilles, son corps, ses muscles, ses yeux, son toucher afin d’établir une communication avec son cheval. 

 

La communication intuitive va affiner toutes les observations faites plus haut, apporter de la compréhension dans la relation. Mieux comprendre ses blocages, ses peurs. 

Aussi, le cheval comme les autres animaux peuvent nous transmettre des messages personnels, d’une dimension plus spirituelle. 

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